Rendez-vous sur le nouveau site d'ECORCE: www.ecorce.org
Heiko FISCHER, entrepreneur du bâtiment d'origine allemande, la cinquantaine, a appris ce savoir-faire précieux d'un vieux “Schindler”, c'est le terme allemand qui désigne le métier de fabriquant et poseur de bardeaux, sortes de tuiles en bois pour toitures ou bardages.
“Les bardeaux existent dans le monde entier, partout où il n'y a pas d'ardoises ou lauzes et où il n'était pas possible de mettre des tuiles en terre cuite. En France on en trouve en Dordogne, dans le Jura et dans les Alpes, et même à Carcassonne, une tour de la Cité est recouverte de bardeaux. C'est un matériau tout à fait local, qui ne nécessite aucun outillage lourd, juste du bois de mélèze ou chataignier (ou red ceddar en Amérique) fraîchement coupé et quelques outils. Et c'est extrêment résistant et parfaitement imperméable, je vous les garantis 60 ans en toiture, 200 ans en façade !” affirme notre artisan avec assurance et fierté !
Convaincu d'éco-construction, Heiko FISCHER participe activement à l'association ECORCE, réseau d'éco-construction dans l'Ariège et dans l'Aude, comme professionnel et comme formateur.
C'est donc tout naturellement qu'il a proposé d'animer un stage de fabrication de bardeaux, pour deux stagiaires, le nombre de postes de travail.
Le premier stagiaire apprend à fendre des petites tranches fines sur 10 cm de large environ, d'un rondin de 27 cm de long (les rondins ou billots ont été préalablement coupés à la bonne longueur... à la tronçonneuse, seule entorse au principe de “sans machines”). L'outil utilisé est une hâchette à bord droit, suffisamment lourde pour tailler sans abîmer les fibres du bois, gage de bonne étanchéité des tuiles. Le tranchage se fait en direction radiale, le long des fibres, sans les couper. Il faut ôter tout l'aubier et l'écorce, trop tendres ainsi que le coeur également trop tendre et sensible aux parasites... le bois jeune pousse plus vite. D'ailleurs il faut bien choisir son bois, l'idéal est que l'arbre ait poussé dans de très mauvaises conditions, très lentement, les cernes annuels sont ainsi très rapprochés et le bois bien dur.
Le deuxième stagiaire reprend le bardeau inachevé et le termine à la plane, outil tranchant à deux manches, assis sur un banc spécialement conçu à cet effet. Il applanit une face (celle du bas en contact avec le toit), il rectifie les bords, il rogne le bout de la tuile pour un profil bien triangulaire.
A la pose, on superposera trois couches de bardeaux, décalées, soit un nombre de 80 à 120 bardeaux au m2, ce qui assurera la parfaite étanchéité de la toiture ainsi que son aspect esthétique magnifique, il s'agit d'un travail d'artisan, quasiment d'artiste ! D'ailleurs le fameux château de contes de fées, ex- résidence royale de Neuschwandstein en Bavière est en grande partie recouvert de bardeaux !
Pourquoi avoir abandonné cette magnifique technique ? Tout simplement pour des raisons économiques, il s'agit d'un travail qui n'est pas rentable car extrêmement coûteux en main d'oeuvre : au bout d'une journée, nos deux stagiaires débutants n'auront réalisé qu'une cinquantaine de bardeaux ! Un bon artisan peut en confectionner environ 50 à l'heure... soit un demi mètre carré de toiture ! Mais côté “énergie grise” (c'est à dire l'énergie mise dans le processus de fabrication et dans le transport), c'est imbattable car tout est local et manuel !
D'ailleurs les stagiaires ont eu beaucoup de plaisir à travailler la matière brute, à découvrir quelques secrets de la Nature. Il leur faudra encore un peu de pratique avant de se lancer dans le métier !
Prochain rendez-vous pour la pose des bardeaux sur un toit ariégeois... prochainement sans doute ?... et avec un nouveau stage ECORCE !
Renseignements : ECORCE 05 61 69 55 38 ou ecorce@laposte.net ou www.ecorce.org
Heiko FISCHER 05 81 49 02 49 ou heiko.fischer@neuf.fr ou http://www.poele-de-masse-sud.fr
