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5 janvier 2009 1 05 /01 /janvier /2009 22:24

Un stage de fabrication d'adobes a eu lieu fin octobre, organisé par l'association ECORCE.

douze stagiaires ont participé, l'une d'entre elles, Maitree a rédigé un compte-rendu que Francis OBLED, le formateur a retravaillé pour éviter les erreurs.

Voici le résultat, bonne lecture et à vos adobes !


L’adobe, c’est de la terre crue



L’adobe, c’est de la terre crue mise en forme dans des moules de bois, de fer ou toute autre matière offrant les mêmes qualités.

Oubliez l’argile ! Pensez terre, car dans la plupart des terres de notre région, il y a trop d’argile et on doit ajouter du sable.

L’adobe constitue une masse thermique qui est une réserve de chaleur ou de fraîcheur, de par sa masse volumique élevée et sa qualité de régulateur hygrométrique. Plus il y a de mur d’adobes dans une maison et plus grande sera cette réserve. Il est préférable que ces murs soient des murs de cloisons intérieures (bar, séparation de cuisine, etc.) et non uniquement comme doublage des murs extérieurs.

Les adobes peuvent constituer un mur porteur quand elles sont faites de terre ou terre et sable (constructions au Maghreb d’habitats de plusieurs étages).


Toutes les formes sont possibles ; courbes, rectangulaires, plates, parallélépipédiques par exemple, création de voûtes, de murs courbes ou toutes décorations personnalisées.

Toutefois, il est important de ne pas les faire trop volumineuses afin d’éviter un séchage trop long. Il faut compter entre 10 et 15 jours de séchage, un peu moins en été.

Dans les blocs de terre crue, il existe aussi les BTC (Blocs de Terre Compressée). Dans ce cas, la terre est stabilisée à la chaux et comprimée dans une presse manuelle ou hydraulique. Le séchage est plus long, un mois voire plus, avec une maîtrise du taux d’humidité plus contraignant. La régularité de la forme est excellente mais en général, un seul modèle est utilisé car chaque moule est un pièce mécanique onéreuse; dimensions standard 10x14x29,5.




Revenons aux adobes et à leurs dimensions

- pour un mur de cloison à vocation de masse thermique (dans une maison en bottes de paille, béton de chanvre, torchis, cette masse thermique est particulièrement appréciable) : 20x6,5x30 terre + sable

- pour un bloc de parement sur mur donnant à l’extérieur : 7x6,5x30

- un minimum de 10cm de large est nécessaire pour bâtir un mur auto rigide.


On peut également fabriquer des adobes isolantes. Dans ce cas, de la paille hachée et des copeaux remplaceront le sable dans la terre. Un test déterminera la quantité de charge (paille et copeaux) admise par la terre, l’adobe pourra ainsi perdre jusqu’à 60% de son poids, et ainsi devenir utilisable pour des cloisons même à l’étage, dimensions 12x10x30. Ces adobes sèchent plus rapidement. La paille sera hachée jusqu’à 2cm environ, les copeaux seront issus de préférence de cèdre, douglas, mélèze, châtaigner ou chêne. Ces deux dernières essences rendront les blocs d’une couleur sombre due à leur tanin. Il est d’ailleurs possible de teinter les adobes en utilisant avec la terre des sables de couleur ou directement de la terre colorée naturellement, ceci est aussi valable pour les enduits terre.


Test de la terre

Pour connaître le pourcentage d’argile, 1er test du bocal :

- mettre ¼ d’eau et la terre, secouer puis laisser reposer. Les particules se déposent en couches, on peut alors voir le pourcentage d’argile qui est plus légère, avec une marge d’erreur car le sable peut être au milieu et faire remonter l’argile sur les côtés.

Autre test, celui du boudin :

- on fait un boudin de terre de 3 à 4cm d’épaisseur que l’on fait glisser doucement du bord de la table, s’il est plié avant 10 à 12cm, il y a trop d’argile ; s’il casse, il n’y a pas suffisamment d’argile.

L’odeur de la terre a aussi valeur de test :

- si elle sent le moisi, l’humus, elle est trop végétale.


La terre, constituée d’une multitude d’éléments, sera ici sélectionnée en quelques critères essentiels :

- la première couche, dite terre végétale, épaisseur de 30 à 40cm, est inutilisable.

- la deuxième couche, 30 à 60cm, est utilisable mais encore chargée de racines et autres éléments organiques (un bon tamisage sera nécessaire).

- la troisième couche, 60cm et plus (profondeur que l’on atteint aisément en creusant les fondations), est la couche la plus favorable. Un simple broyage permet son utilisation.

Une terre possédant 20 à 25% d’argile permet de faire des blocs de terre crue, dans la région l’argile est souvent plus présente, d’où la nécessité d’y ajouter du sable.

Les particules d’argile étant plus fines, avec l’eau elles enrobent les autres composants pour donner un mélange homogène. Ce mélange ne doit pas trop coller aux mains et être suffisamment souple pour être moulé.


Le mélange

Le mélange peut se faire aux pieds, dans un bac fait de planches ou directement dans un trou creusé dans le sol : acceptable pour de petites quantités. Mais l’outil idéal reste le malaxeur, outil dont les pales brassent le mélange qui bénéficie ainsi d’une meilleure homogénéité. Le malaxeur devient pratiquement indispensable pour atteindre une bonne qualité de mélange avec copeaux et paille hachée. Le foin, les pailles de lin, de lavande, de seigle peuvent remplacer la paille de blé ou orge classique.

Les éléments constituant ce mélange doivent être incorporés dans l’ordre suivant : l’eau, la terre, la paille puis les copeaux (paille 1/3, copeaux 2/3).




Réponses à certaines questions posées à Francis

* Pour un mur en pierres, il conseille d’isoler avec du chanvre chaux à l’intérieur si on ne veut pas perdre l’aspect pierres mais, idéalement, l’isolant extérieur est préférable

* Monomur : la moins pire des mauvaises solutions

* Cali-brique : piège à cons

* Francis explique comment il a fait les fondations du pourtour supportant les murs en bottes de paille. Pour 1 m3 de mélange gravier-sable, il faut 350kg de chaux hydraulique. Avec ce béton, enrober les galets : pas trop gros (150/200) afin qu’ils soient bien enrobés. Francis a fait une tranchée de 70cm de large au godet, il a mis son béton et les galets au fond sur 20cm de hauteur puis il a réduit la largeur de cette tranchée à 35cm de large et a continué à remplir sur 45cm de hauteur.

* Poser une botte de paille dans le sens de la hauteur la rend plus isolante mais la couche d’accroche est plus délicate. On peut tremper les bottes de paille dans une barbotine en les laissant sécher une journée pour éviter cet inconvénient.

* On peut utiliser un sablon (location) pour projeter les couches d’accroche (enduit terre).

* Pour fabriquer soi-même de l’huile dure, mélanger l’huile de lin 50%, l’huile de paraffine 25%, l’essence de térébenthine 10 à 15% et l’essence d’oranges ou d’agrumes, plus on veut que l’huile durcisse, plus on ajoute de paraffine.




ce que ne vous a pas dit ce compte-rendu, c'est qu'il a fallu aussi un peu "d'huile de coude" !

trois jours après le stage, les adobes ont été mises sur chant pour un meilleur séchage :

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